Bernardo Strozzi (1630)

Simon le pharisien
Il faut que ça cesse!

Quand un responsable religieux invite Jésus à manger, on peut s'attendre à des flammèches. Et si une « femme pécheresse » vient crasher le party...

Un pharisien invita Jésus à manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien et se mit à table. Une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville apprit qu'il était à table dans la maison du pharisien. Elle apporta un vase plein de parfum et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait, et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les embrassa et versa le parfum sur eux. Quand le pharisien qui avait invité Jésus vit cela, il se dit en lui-même: « Si cet homme était prophète, il saurait qui est celle qui le touche et de quel genre de femme il s'agit, il saurait que c'est une pécheresse. »

Jésus prit la parole et lui dit: « Simon, j'ai quelque chose à te dire. » « Maître, parle », répondit-il. « Un créancier avait deux débiteurs: l'un d’eux lui devait 500 pièces d’argent, et l'autre 50. Comme ils n'avaient pas de quoi le rembourser, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l'aimera le plus? » Simon répondit: « Celui, je pense, auquel il a remis la plus grosse somme. » Jésus lui dit: « Tu as bien jugé. » Puis il se tourna vers la femme et dit à Simon: « Tu vois cette femme? Je suis entré dans ta maison et tu ne m'as pas donné d'eau pour me laver les pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a pas cessé de m'embrasser les pieds. Tu n'as pas versé d'huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. C'est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l'on pardonne peu aime peu. »

Et il dit à la femme: « Tes péchés sont pardonnés. » Les invités se mirent à dire en eux-mêmes: « Qui est cet homme qui pardonne même les péchés? » Mais Jésus dit à la femme: « Ta foi t'a sauvée. Pars dans la paix! »

Luc 7, 36 à 50

* * *

Il est tellement fâché qu'il bégaie et peine à finir ses phrases.

Ça ne peut pas continuer comme cela. Il faut que ça cesse... On ne peut pas le laisser... Des mesures doivent être prises, même radicales... Il faut l'arrêter à tout prix, pour le bien de notre parti, de notre peuple, de notre religion...

Il se calme un peu.

Bon, vous vous souvenez qu'on avait décidé de tester ce Jésus de Nazareth. De voir s'il est pour nous ou contre nous; si c'est un allié de notre parti, les pharisiens... ou s'il est notre adversaire. Sa popularité grandit de plus en plus en Galilée; certains disent qu'il accomplit des miracles et des prodiges extraordinaires; ses enseignements se répandent comme une traînée de poudre.

Il n'est jamais trop tôt pour s'allier avec quelqu'un qui, sait-on jamais, pourrait être le messie, le libérateur de notre peuple... et il n'est jamais trop tôt non plus pour se débarrasser d'un de ces trop nombreux imposteurs, de ces illuminés qui mettent en danger l'avenir de notre peuple et de notre religion, surtout en ces temps troublés.

Il en va de notre survie!

Bref, Matthieu, Lévy et moi, nous avions préparé notre coup. On s'est dit que la meilleure manière de tester ce Jésus était de l'inviter à un repas...

Nous étions onze contre lui: nous avions l'avantage du nombre, de la sagesse et de la tradition. Face à un fils de charpentier de Nazareth, ne l'oublions pas!

De l'inviter, de le déstabiliser, de le questionner.

J'avais donc invité douze convives: Matthieu, Lévy et quelques autres membres de notre parti, en plus de Jésus, bien sûr. Nous étions onze contre lui, donc nous avions l'avantage du nombre, de la sagesse et de la tradition. Face à celui qui n'est qu'un fils de charpentier. De Nazareth, en plus. Ne l'oublions pas!

Évidemment, le repas avait lieu dans ma cour: tout le monde allait pouvoir venir écouter ce qu'il se dirait. On aurait une multitude de témoins, si nécessaire; on ne saurait être accusé d'avoir inventé un faux témoignage contre Jésus, au cas où.

Et puis, un repas, c'était l'occasion idéale de tester sa dévotion à la foi de nos ancêtres. En ces temps où les coutumes grecques viennent de plus en plus polluer la religion juive, un repas est un haut lieu de l'observance des règles de pureté rituelle. Nous autres, pharisiens, nous sommes à la pointe de l'observation de ces lois. Certains de nos ancêtres ont d'ailleurs payé du prix de leur vie leur attachement à ces règles alimentaires.

Donc si par hasard Jésus devait devenir notre allié, il est absolument crucial qu'il démontre son attachement à la tradition de nos ancêtres. On avait d'ailleurs entendu dire qu'il s'associait (et même qu'il mangeait!) avec des pécheurs notoires. Donc nous voulions en avoir le coeur net...

Et bien! Nous avons été servis... mais n'anticipons pas!

Matthieu, Lévy et moi, on s'était mis d'accord pour le déstabiliser; nous voulions le mettre sur la défensive, lui montrer que nous étions là pour le tester et qu'il n'avait pas la partie gagnée d'avance, loin de là. Nous avons donc convenu, les onze convives, de l'isoler et de lui montrer qu'il n'avait pas sa place dans notre groupe. Ou plutôt, qu'il allait devoir la mériter, sa place parmi nous.

C'est un peu extrême, on s'entend, mais nous avons décidé de manquer envers lui des plus élémentaires règles de l'hospitalité: pas d'eau pour se laver les pieds, pas de baiser de bienvenue de la part d'aucun d'entre nous, pas d'huile pour se rafraîchir.

Humilié, mis à l'écart, déstabilisé. Nous voulions voir s'il est digne d'entrer dans notre parti; si c'est quelqu'un de fiable, sur qui nous pouvons compter dans notre combat pour défendre notre peuple et notre religion. Il fallait lui rendre la vie difficile parce que notre vie est difficile. Il fallait qu'il prouve son attachement à la tradition de nos ancêtres s'il voulait rejoindre notre groupe.

Alors, il serait toujours temps de l'embrasser comme un frère.

* * *

Le repas a donc commencé dans une atmosphère un peu étrange. Oh, notre petite mise en scène a fonctionné à merveille: Jésus s'est retrouvé à la dernière place à table, les pieds encore sales et crasseux à cause de la route. Lorsqu'il a vu que je ne l'embrassais pas, que je ne lui offrais pas la fiole d'huile réservée à mes invités, il est allé simplement s'installer à sa place en silence.

C'était étrange parce que Jésus n'avait même pas l'air si affecté que cela par l'insulte que nous lui faisions subir.

C'était étrange parce qu'il n'avait même pas l'air si affecté que cela par l'insulte que nous lui faisions subir. Je sais que si j'avais été dans sa situation, je me serais fâché et je serais parti immédiatement face à un tel affront. En secouant la poussière de mes pieds, comme nous le faisons lorsque nous quittons le territoire des païens.

Mais lui, il est simplement allé s'installer à sa place, la dernière. Il n'a rien dit. Même son attitude ne semblait pas démontrer le moindre signe de colère. Peut-être réalisait-il qu'il n'était qu'un fils de charpentier et qu'il n'avait pas sa place parmi l'élite religieuse d'Israël?

Il s'arrête un instant... on voit qu'il réfléchit.

En fait, c'était bizarre parce que c'était comme si, au lieu que lui soit déstabilisé par notre mise en scène, c'était nous qui étions déstabilisés par son attitude. Nous attendions une réaction de sa part. Nous avions préparé notre petit discours pour lui expliquer que nous ne pouvions pas nous associer avec lui sans être sûrs de sa bonne foi et de son engagement envers la tradition de nos ancêtres. Et que, d'ailleurs, nous avions quelques questions à lui poser à ce sujet...

C'était Matthieu qui devait tenir ce discours-là et Lévy qui devait poser les questions.

Mais au lieu de cela, Matthieu hésitait... attendait... il n'était visiblement pas trop sûr s'il devait commencer son discours, qui, du coup, ne faisait pas beaucoup de sens vu le manque de réaction de Jésus... ou s'il valait mieux le modifier, et comment.

Lévy avait aussi les yeux baissés dans son coin. Je sais que sa première question portait sur « quel est le plus grand commandement? », ce qui allait nous permettre très rapidement de voir ce qu'il en était de Jésus. Mais là aussi, il hésitait, attendait sur Matthieu.

Moi-même, en tant qu'hôte, je n'étais pas trop sûr quoi faire non plus.

Et puis, il y avait le public. Tous ces gens de notre ville qui s'étaient rassemblés pour voir ce qui allait se passer. Il y avait bien sûr quelques alliés à nous, des fils d'Abraham, qui sont véritablement attachés au Dieu d'Israël; ceux qui fréquentent notre synagogue à chaque sabbat. Marc, le pêcheur qui était là malgré une nuit de travail éreintante sur le lac. Jacques, le marchand de fruits, et André, avec sa femme, Myriam et leur petit Jean. Tous ces bons Juifs, qui, j'en suis sûr, espèrent le meilleur pour notre peuple et notre religion. Ils nous soutenaient dans notre projet de mettre Jésus à l'épreuve avant de, peut-être, s'associer à lui.

Il y avait aussi une foule de curieux. Les plus nombreux, probablement. Ceux qui avaient entendu parler de Jésus et qui voulaient simplement le voir, entendre ses enseignements ou, qui sait? le voir accomplir un de ses fameux miracles. Ils ne se souciaient pas particulièrement de l'avancement, ou même de la défense, de notre religion. Ils étaient simplement là pour le spectacle, pour voir ce qui allait se passer. Il était important que nous leur fassions bonne impression, que nous leur démontrions le bien-fondé de la tradition de nos ancêtres et que nous les convainquions de quitter cette posture de spectateurs pour devenir acteurs.

Et puis, et c'était toute une surprise pour moi, il y avait aussi ceux qui étaient venus pour lui. Pas juste par curiosité, mais parce qu'ils étaient convaincus de ses enseignements ou parce qu'ils l'avaient vu accomplir l'un de ses prodiges... J'ai d'ailleurs entendu dans la foule quelqu'un mentionner que Jésus aurait ressuscité le fils d'une veuve à NaïnLuc 7, 11-16, il y a quelque temps. Je ne m'attendais pas à ce qu'un fils de charpentier puisse avoir des disciples?

La situation devenait intenable: tous ces gens autour attendaient qu'il se passe quelque chose. Ceux que nous devions absolument garder acquis à notre cause, pour ne pas mettre en danger davantage encore notre tradition. Et tous ces spectateurs que nous avions l'occasion de convaincre de nous rejoindre pour faire avancer (ou simplement défendre) la cause de notre peuple.

Face à cela, Matthieu et Lévy hésitaient, encore et encore.

Et Jésus, lui, restait installé à sa place comme si de rien n'était...

* * *

Et puis, alors qu'il semblait que les choses ne pouvaient pas tourner plus mal encore, elle est arrivée. Elle. La femme pécheresse. La catin de la ville. Vous savez comment elle est: habillée de manière provocante, maquillée à outrance... toute sa personne démontre son style de vie, sa profession, sa perdition.

Les hommes ont fait un mouvement de recul en la voyant arriver. Certains, peut-être, parce qu'ils ne la connaissaient pas et étaient étonnés de voir une telle femme arriver ici. D'autres, probablement, parce qu'ils ne la connaissaient que trop bien, comme clients, et craignaient d'être associés à elle en public.

Bref, la situation a encore empiré, si c'était possible.

Elle a avancé, lentement, silencieusement. Tous les regards étaient fixés sur elle. On avait l'impression qu'elle avait un plan, un projet qu'elle avait préparé et qu'elle était en train de mettre à exécution. Elle continuait d'avancer, de s'approcher de nous.

Lorsqu'elle a été assez proche, j'ai remarqué les larmes dans ses yeux. Des grosses larmes qui coulaient sur ses joues et jusque sur son menton. Quand elle est arrivée aux pieds de Jésus, elle s'est arrêtée. Ses larmes continuaient à couler et mouillaient les pieds de Jésus. Ça a duré un bon moment, ces grosses larmes qui tombaient depuis son visage jusque sur les pieds de Jésus.

Il secoue la tête d'un air désapprobateur.

Comme si son comportement n'était pas déjà assez choquant et dégradant, elle a dénoué ses cheveux et essuyé les pieds de Jésus avec! C'est inconcevable! Une épouse ne ferait jamais cela pour son mari dans la chambre nuptiale, alors... faire ça en public, comme ça, devant tout le monde et pour un parfait inconnu. Ce comportement est absolument scandaleux.

La souillure de cette femme rejaillit sur ma maison, sur mon honneur, sur mon nom!

À partir de là, plus rien ne pouvait nous surprendre: elle a continué dans ce comportement ignoble en embrassant les pieds de Jésus! Est-ce que vous vous rendez compte? Et, pour mettre le comble à sa dégradation, elle a sorti des plis de sa robe une petite fiole de nard, vous savez, ces petites bouteilles en albâtre qui contiennent le parfum le plus précieux. On les brise d'un coup sec pour répandre tout le contenu en une seule fois. Et bien, elle a brisé sa fiole et elle a répandu son parfum sur les pieds de Jésus! Une femme respectable l'aurait répandu sur la tête de son époux, pour la nuit de noces... Elle, elle a gaspillé sa fortune en la déversant ainsi sur les pieds de ce Jésus.

Tous ceux qui étaient venus en curieux avaient les yeux brillants devant l'ampleur du scandale.

L'assemblée était pétrifiée. Tous ceux qui étaient venus en curieux avaient les yeux brillants devant l'ampleur du scandale. Ils étaient venus en espérant qu'il se passe quelque chose... Eh bien! Ils avaient été servis au-delà de leurs espérances.

On s'est regardé, Matthieu, Lévy et les autres, et on a vu qu'on était sur la même longueur d'onde. Même si on n'avait pas pu faire passer à Jésus notre série de questions, on avait notre réponse: si cet homme était un prophète, il saurait qui est celle qui le touche et de quel genre de femme il s'agit, il saurait que c'est une pécheresse.

Elle se tenait droite, immobile. Comme quelqu'un qui a fait son coup d'éclat et qui en attend les conséquences. On avait l'impression qu'il y avait en elle ce mélange de satisfaction d'avoir accompli son plan (et quel plan!) et l'attente d'en voir les conséquences. On dirait qu'elle se préparait à se faire reprendre, et même insulter, pour son comportement déplacé.

À mon avis, elle le méritait largement et devait d'ailleurs en avoir l'habitude. Je me disais même que c'était mon devoir d'hôte de mettre de l'ordre dans ma propre maison et je préparais quelques mots durs (et même plus) pour lui expliquer qu'on ne fait pas n'importe quoi à la table d'un pharisien et que, si elle est une femme pécheresse, nous, nous sommes des fils d'Abraham...

Je me demandais même si son comportement pourrait la rendre condamnable à la lapidation.

* * *

Jésus n'avait pas bougé pendant toute la scène. Il était resté tranquillement à sa place, fixant cette femme des yeux. Il n'avait pas fait un mouvement de recul devant elle comme tous les autres. Il n'avait pas tenté non plus de la retenir alors qu'elle se comportait de manière totalement inappropriée envers lui. Après tout, si mon honneur avait été sali par cette femme, sa réputation, à lui, en avait souffert plus encore.

Je m'attendais donc à ce qu'il lui dise quelque chose à elle, suite à tout cela. Mais en fait, c'est vers moi que Jésus s'est tourné: « Simon, j'ai quelque chose à te dire. »

« Maître, parle »... qu'est-ce que je pouvais lui dire d'autre?

« Un créancier avait deux débiteurs: l'un d’eux lui devait 500 pièces d’argent, et l'autre 50. Comme ils n'avaient pas de quoi le rembourser, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l'aimera le plus? »

Évidemment, il y avait un piège dans sa question. Il aurait fallu nous consulter, réfléchir pour éviter de nous faire prendre à ses mots... mais on n'en avait pas le temps: la femme attendait toujours, le public se demandait comment toute cette histoire allait se terminer. Bref, j'ai donné la seule réponse possible, vu les circonstances:

« Celui, je pense, auquel il a remis la plus grosse somme. »

« Tu as bien jugé », m'a dit Jésus.

Jusque là tout était correct. Mais il a continué, en se tournant vers la femme:

« Tu vois cette femme? Je suis entré dans ta maison et tu ne m'as pas donné d'eau pour me laver les pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a pas cessé de m'embrasser les pieds. Tu n'as pas versé d'huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. C'est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l'on pardonne peu aime peu. »

Et il a ajouté, s'adressant à la femme cette fois:

« Tes péchés sont pardonnés. »

* * *

Après cela, le vacarme a été indescriptible. Si les gens avaient été choqués par les gestes que cette femme avait posés, les paroles de Jésus avaient éclipsé tout le reste.

Comment se permettait-il de me comparer, moi, un membre éminent du parti des pharisiens, avec une prostituée?

Déjà, comment se permettait-il de me comparer, moi, un membre éminent du parti des pharisiens, avec une prostituée? Comme si nous étions tous deux débiteurs insolvables devant Dieu et que mes privilèges de naissance, mon appartenance au peuple d'Israël, à la tribu de Judas, et mon observance stricte depuis ma plus tendre enfance des lois et des préceptes de notre religion ne valaient rien aux yeux du Dieu d'Israël?

Ensuite, sa question conduisait à la conclusion qu'elle, avec son comportement dégradant et scandaleux, était même supérieure à moi: elle a beaucoup aimé et moi peu? Ne comprenait-il pas que mes préoccupations sont d'un ordre infiniment supérieur à celles de cette femme? Que le salut d'Israël est en jeu et que nous avons besoin d'alliés sur qui nous pouvons compter, par les temps qui courent? En tout cas, il nous est impossible de nous associer avec ce Jésus; il n'a que mépris pour la tradition de nos ancêtres.

Je pense même que nous devons l'arrêter et l'empêcher de nuire à notre cause par tous les moyens. Oui, oui, vous m'avez bien entendu... par tous les moyens, même les plus extrêmes.

Car enfin, comment peut-il se permettre de proclamer le pardon des péchés? Dieu seul a le pouvoir de pardonner les péchés, et lui n'est qu'un homme.... et un fils de charpentier, en plus!

Tout à coup, tout le monde est parti. Comme si l'histoire s'était terminée et qu'ils en avaient assez vu.

Jésus aussi, s'est levé pour partir. Et en quittant, il a encore dit à la femme: « Ta foi t'a sauvée, pars en paix. »

Elle s'est redressée encore plus, elle marchait en se tenant bien droite comme une femme restaurée dans sa dignité. Son visage avait un éclat, comme une noblesse nouvelle. Ses yeux étaient remplis de larmes... des larmes de joie, cette fois; la joie de celle qui a reçu le pardon.

Quant à moi, je me suis resté seul... tout seul.

Autour de moi flottait encore l'odeur entêtante du parfum qu'elle avait répandu sur les pieds de Jésus.