Un petit homme riche... Il commence sa journée en grimpant sur un arbre pour voir Jésus. Et il la termine en distribuant la totalité de son argent?!??
Jésus était entré dans Jéricho et traversait la ville. Or, un homme riche appelé Zachée, chef des collecteurs d’impôts, cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y parvenait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, parce qu’il devait passer par là.
Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux, le vit et lui dit: « Zachée, dépêche-toi de descendre, car il faut que je m’arrête aujourd’hui chez toi. » Zachée s’empressa de descendre et l’accueillit avec joie.
En voyant cela, tous murmuraient en disant: « Il est allé loger chez un homme pécheur. »
Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: « Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens et, si j’ai causé du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. »
Alors Jésus dit à son propos: « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Luc 19, 1 à 10
Ah, bonjour tout le monde!
Entrez, entrez. Soyez les bienvenus.
Oui, oui, aujourd’hui est un jour de fête, voyez-vous, c’est le 2.
Installez-vous, il y a de la place pour tout le monde.
Ah Siméon, ce cher Siméon! Bienvenue à toi. Quel plaisir de te revoir. Dire que toi et moi, on s’est haï pendant tant d’années Et que nous sommes devenus amis... et même frères depuis... depuis exactement 20 ans. Viens t’installer à la place d’honneur, mon pharisien favori.
Matthieu, Levi, vous êtes là aussi. Bienvenue, bienvenue, mes chers amis... mes compagnons d’infortune, collecteurs d’impôts que j’aime tant. Installez vous bien.
Et toi, Rébecca. Oh, tu es ravissante, cette robe te va tellement bien. Et... tu as amené Jacob, ton petit gars. Bienvenue Jacob, comme tu as grandi depuis la dernière fois qu’on s’est vu. Tu vas bientôt me dépasser... je te le souhaite, je te le souhaite! Que l’Éternel te bénisse, mon enfant.
Installez-vous, installez-vous. Aujourd’hui est un jour de fête, vous comprenez. C’est le 2, c’est très important, le 2. Rien n’est trop beau pour célébrer cette journée particulière.
Il s’arrête pour sentir le parfum du pain qui envahit la pièce.
Sentez-moi, ces pains brûlants qui sortent juste du four. Il seront tièdes, comme il faut, quand nous la mangerons tantôt.
Et de la viande grillée: de l’agneau. Et même des cailles. Siméon, je sais que tu les aimes tellement, mais ne fais pas comme Nombres 11nos ancêtres au désert qui en ont mangé tellement qu’ils sont tombés malades, en irritant l’Éternel par dessus le marché!
J’ai trouvé aussi du poisson, du poisson séché, mes amis. Le meilleur, celui qui vient directement de la Galilée.
Des olives, des oignons, des légumes.
Et bien sûr, des desserts... Je sais que tu aimes ça, Jacob, et moi aussi! Les gâteaux de miel et les gâteaux de dattes. Et même, quelques pistaches.
Et puis, je nous ai acheté des figues, des figues de la première saison. Elles sont belles, dodues, sucrées. Le nouveau marchand de fruits, Isaac, sur la grand-rue; c’était ses premiers paniers de la saison.
Mais où ai-je la tête... Alphée, Alphée, mon fidèle serviteur, sers-nous le vin! Oui, oui, le meilleur. Et commence par Siméon, mon hôte d’honneur. Je sais que tu apprécies un verre de bon vin, Siméon.
Il devient soudain plus calme, sérieux même.
Car voyez-vous, aujourd’hui est un jour spécial, c’est un jour de célébration, c’est le 2. Parce qu’il y a exactement 20 ans, aujourd’hui même, le 2, Jésus de Nazareth est venu, ici, dans cette maison.
Et je veux que tout le monde sache ce qu’il a fait pour moi, Zachée, un homme de petite taille.
J’étais trop petit pour me défendre... Et trop pauvre pour acheter la sympathie des plus grands.
Mon père, voyez-vous, était un ouvrier, un journalier. Il travaillait dur. Enfin, les jours où il trouvait de l’emploi. Ces jours-là, son salaire nous permettait juste de manger pour la journée.
Au printemps, il travaillait pour les labours et les semailles. A l’été dans la moisson et les récoltes. Et jusqu’à l’automne pour les vendanges.
Mais l’hiver, voyez-vous, l’hiver. Il ne trouvait pas toujours de l’emploi. Alors, il n’y avait rien à manger et il fallait qu’on se débrouille... C’est comme ça que j’ai appris, très tôt, trop tôt, à devenir un voleur.
Avec les années de famine, à subir les moqueries et, souvent, les coups, des pensées noires, bien noires, ont commencé à m’envahir. Je voulais prendre ma revanche, voyez-vous. Un jour, un jour, le Zachée qu’ils méprisent, qu’ils frappent, le « p’tit Zachée » dont ils se moquent... Un jour, ils allaient voir ce que j’allais devenir. Ils allaient regretter leurs mauvaises actions envers moi. Et surtout, ils allaient envier mes richesses. J’allais devenir « quelqu’un ».
Ces pensées noires ont grandi en moi durant des années, si bien que j’étais prêt à n’importe quoi pour de l’argent.
Et lorsqu’on m’a proposé de devenir collecteur d’impôts, j’ai accepté immédiatement: j’étais déjà voleur depuis longtemps et j’étais déjà méprisé par tout le monde... alors ça ne changeait pas grand-chose; mais ça me donnait l’occasion de devenir riche. Je pensais tenir l’opportunité qui allait m’aider à prendre ma revanche.
Alors je suis devenu un traître, un pécheur notoire, comme on dit. J’ai servi l’envahisseur, les Romains, pour lever des impôts auprès de mon propre peuple, les Juifs.
Et, comme beaucoup de collègues, j’en ai profité pour demander plus que les taxes que je devais lever et m’enrichir encore davantage au passage.
Méprisé par les Romains qui haïssent les Juifs.
Méprisé par les Juifs comme un collaborateur auprès de l’ennemi, un pécheur notoire.
Méprisé par tous comme un voleur.
Mes amis, je sais que vous détestez les collecteurs d’impôts. Et vous avez raison, beaucoup d’entre nous sommes des voleurs. Mais rappelez-vous que, souvent, il y a aussi de pensées bien noires dans le coeur de ces hommes-là... et que Dieu nous aime, nous aussi!
Matthieu, Lévi, mes compagnons d’infortune, vous êtes des collecteurs d’impôts; mais je suis sûr que vous mettez en pratique la parole de Jean-Baptiste: Luc 3, 12-13« N’exigez rien de plus que ce qui vous a été ordonné! »
Pour moi, même si l’argent s’accumulait de plus en plus dans ma maison, au lieu d’une revanche qui devait être douce et agréable, ces pensées noires n’ont fait que me tourmenter chaque jour davantage.
Ce jour où Jésus a traversé Jéricho.
Ce jour qui a changé ma vie.
Il recommence à s’animer.
Vous vous rappelez peut-être, ce jour-là, toute la ville était au comble de l’excitation.
On avait entendu parler de Jésus, bien sûr, des miracles extraordinaires qu’il avait accomplis, des enseignements radicaux qu’il apportait, des conflits, aussi, qu’il avait avec nos leaders religieux.
Tout le monde voulait le voir: des malades, qui espéraient être guéris; des membres du parti des pharisiens, prêts à s’ostiner avec lui sur des points de doctrine; et aussi beaucoup de curieux, qui étaient simplement là pour voir ce qui allait se passer.
Bref, dès les premières heures du jour, la grand-rue était noire de monde. Ça se poussait de tous côtés pour essayer d’avoir la meilleure place. Pour mieux voir Jésus passer et qui sait? entendre une parole de sa part ou recevoir une guérison.
Je suis sorti, moi aussi, et quand j’ai vu la foule, j’ai réalisé que je n’avais aucune chance de voir Jésus... Trop petit... Mais surtout, détesté par tout le monde. Voyez-vous, personne n’allait me laisser m’approcher.
Je ne sais pas très bien ce qu’il ma pris, mais j’ai décidé que j’allais voir Jésus et que j’aurais la meilleure place!
Il frappe sur la table
Je suis allé au coin de la rue de la Synagogue, juste devant la maison de Marc, où il y avait à l’époque, un grand sycomore. Et j’ai grimpé dans l’arbre, pour avoir une vue imprenable sur toute la grand-rue.
Oh la scène était comique, imaginez le petit gros Zachée grimpé dans son arbre... Les enfants se moquaient de moi ouvertement. Les adultes essayaient d’être un peu plus discrets. Tu t’en souviens, Siméon, toi et ton groupe de pharisiens, vous étiez juste en face, de l’autre côté de la rue. Et vous me regardiez en rigolant...
Et puis, soudain, un frémissement a parcouru la foule... Il s’en vient! On sentait la tension - cette longue attente qui allait enfin être récompensée.
Il fait le geste de mettre la main au-dessus de ses yeux, comme une visière pour mieux voir au loin.
Et puis, j’ai vu Jésus, très loin, en bas, au tout début de la grand-rue, à travers la poussière. Il marchait, le regard fixé droit devant lui, ses disciples le suivaient un peu en arrière. Il semblait totalement ignorer le monde qui se pressait autour de lui, criait, l’interpellait à chaque pas. On pouvait presque voir l’excitation gagner la foule à mesure qu’il s’approchait... et toucher leur déception lorsque Jésus les dépassait en les ignorant.
Quoi, c’est pour ça que nous avons attendu toute la matinée, à transpirer sous le soleil? Pour qu’il ne nous jette pas même un regard, qu’il passe à côté de nous en nous ignorant complètement?
Mais Jésus continuait sa marche. Il gardait son regard droit devant lui... Comme si il cherchait quelque chose ou quelqu’un au milieu de la foule, très loin devant lui.
Ce qui était bizarre, c’est qu’au fur et à mesure qu’il s’approchait, il me semblait que ce qu’il cherchait du regard était tout proche de l’endroit où je me tenais. J’ai pensé qu’il s’agissait de toi, Siméon, et de ton groupe de pharisiens avec qui Jésus voulait parler... Et bien honnêtement, j’espérais qu’il allait vous planter pas à peu près.
Lorsqu’il est arrivé à notre hauteur, Jésus s’est arrêté. Au lieu de se tourner vers toi, Siméon... C’est vers moi, qu’il s’est tourné! Moi le p’tit Zachée perché sur son arbre.
Et il m’a dit: « Zachée, dépêche-toi de descendre, car il faut que je m’arrête aujourd’hui chez toi. »
Imaginez la scène: moi, coincé sur mon arbre, au comble du ridicule. Lui, silencieux, en train de me dévisager. La foule, en cercle autour de nous, scandalisée: Jésus, le Jésus que tout le monde voulait rencontrer, choisit d’aller chez le chef des collecteurs d’impôts... Chez un pécheur notoire... Chez le p’tit Zachée!
Oh, je suis descendu de mon arbre le plus vite possible. Alphée, tu t’en souviens, nous lui avons servi un véritable festin ce jour-là: les mets les plus riches pour honorer cet hôte extraordinaire.
Évidemment, beaucoup de curieux sont restée autour de nous, pour voir ce qui allait se passer.
Jésus n’avait pas l’air impressionné du tout par la quantité invraisemblable de bouffe bien chère que j’avais placé devant lui. En fait, il picorait à peine d’une main distraite.
Il parlait... il parlait d’argent, probablement le langage que je pouvais comprendre le mieux à l’époque. Il me parlait aussi de son royaume... il me disait que:
Matt. 13, 44Le royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède et achète ce champ.
Il m’a dit aussi que:
Matt. 13, 45-46Le royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles. Lorsqu’il a trouvé une perle de grande valeur, il est allé vendre tout ce qu’il possédait et l’a achetée.
Pendant je l’écoutais, soudain, j’ai réalisé que mes pensées noires, ces pensées qui m’avaient tourmenté durant toute ma vie. Eh bien... elles avaient disparu!
Que le trésor dont il me parlait, et qui valait infiniment plus que toutes les richesses du monde, ce trésor, c’était lui-même, sa présence.
Et que je n’avais plus de revanche à prendre sur personne parce que si je l’avais, lui, Jésus; je n’avais plus besoin de rien d’autre.
Alors, je me suis levé et j’ai dis d’une voix forte devant lui et devant tous ceux qui étaient encore là: « Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens et, si j’ai causé du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. »
Vous comprenez, je pouvais bien distribuer tout mon argent, il ne m’avait servi à rien. Tandis que maintenant que je l’avais lui, Jésus, je n’avais plus besoin de rien d’autre.
Et là, Jésus a pris la parole encore une fois et il a dit la chose la plus extraordinaire de cette journée: « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Jésus, ce Jésus que toute la ville voulait voir, il me disait qu’il était venu spécialement me chercher et me sauver, moi qui étais perdu, tourmenté par mes pensées noires.
Jésus disait de moi que j’étais un fils d’Abraham, un enfant d’Israël, aimé et béni de l’Éternel.
Un fils d’Abraham... moi Zachée, le p’tit Zachée, le collecteur d’impôt, le voleur méprisé de tous...
C’était incroyable!
Tous ceux qui étaient là autour ont été choqués par ses paroles. Siméon, j’ai bien cru que tu avalais ta barbe de surprise en entendant Jésus dire cela.
Et puis, vu qu’il y avait toute cette bouffe à laquelle Jésus avait à peine touché, nous avons fait un gros party, tous ceux qui étaient là. Nous avons mangé ensemble, nous nous sommes réjouis!
J’ai distribué presque tout mon argent cette journée-là, et il ne m’a jamais manqué; parce que j’avais trouvé un trésor tellement plus précieux.
Siméon, tu t’en souviens, c’est ce jour-là, nous sommes devenus amis.
Jésus, lui, nous a quitté discrètement pendant le party. Mais sa parole, sa parole est restée gravée et vivante dans mon coeur.
C’était il y a 20 ans, jour pour jour.
C’était le 2.
Mes amis, cette journée a changé ma vie. Je ne sais pas pour combien de temps encore je serai avec vous. Mais jusqu’à mon dernier souffle, je veux célébrer... Je voudrais que le monde entier sache ce que Jésus a fait pour moi, Zachée, l’homme de petite taille qui est devenu fils d’Abraham.
Mes amis, ne laissez pas des pensées noires vous priver du trésor de sa présence.
Ne laissez pas même les richesses illusoires vous distraire de la richesse infiniment précieuse de Jésus.
Si il est venu à Jéricho pour me chercher et me sauver, il veut faire de vous aussi des fils et des filles d’Abraham.